Pendant la Grande Dépression en Abitibi, au milieu des forêts et des rivières, des colons ont construit en moins de dix ans des villages, des églises, des maisons, des routes, des enclos. Ils ont défriché et labouré cette terre qui leur était promise. La suite de ce rêve, tragique, Pierre Perrault l’a racontée à sa manière, bien des années plus tard, en prenant la mesure du réel de ce pays volontiers oublié dans le récit collectif. Personne ne s’inquiète plus d’une histoire quand elle s’est noyée, quand elle n’est pas une épopée, disait Perrault. Pourtant l’Abitibi porte la mémoire du monde ordinaire. Celle des humbles, des gens de rien, de leurs espoirs, d’une liberté enracinée dans le territoire plutôt que dans un nationalisme de boutiquiers qui ne sert qu’à gonfler le torse et le compte en banque des puissants. Un royaume vous attend, c’est l’histoire d’une humanité qui voudrait s’affranchir des marchands de rêves d’un capitalisme bonimenteur et prédateur.