« Hiver 1919. Exténué par ses inlassables vagabondages métahistoriques, Dieu fit halte à Saint-Moritz, en Suisse. Là, il prit le contrôle d’un individu appelé Vaslav Nijinski, un prodige de la danse, âgé d’à peine vingt-sept ans, et s’en servit, trois mois durant, comme d’un copiste fidèle, même si quelque peu halluciné et puéril, pour transcrire, et divulguer, une longue suite de délires apocryphes – qu’en fait presque personne ne prendrait au sérieux.. Puis, une fois que ses délires furent déposés sur la page, il renvoya le type au gâchis apparent de son existence.. Il se moquait de l’outil. Seul comptait, à ses yeux, le résultat. ». Troisième et dernier volet d’une trilogie essayistique (Un thé avec le chapelier fou, La danse de la guérison), ce livre de Filippo Palumbo témoigne d’une crise culturelle analogue à celle qu’a rendue explicite la Lettre à Lord Chandos de Hugo von Hofmannsthal au début du XXe siècle, où s’annonçaient les catastrophes que l’on sait. Soudain, les mots ne veulent plus rien dire, toutes les réalités glissent les unes sur les autres : rien n’est vrai, rien n’est faux, qu’est-ce que tout ceci peut bien vouloir signifier ? Avec une humilité de ton qui rappelle Montaigne, Filippo Palumbo parcourt les œuvres de Rimbaud, de Pessoa, de Nietzsche, de Bataille, d’Aquin, et découvre une crise du langage en action qu’il vit lui-même intimement. L’essayiste se fait ici le baromètre prédisant des temps à venir chargés de tempêtes encore inconnues à ce jour.. Filippo Palumbo vit à Montréal depuis 2004. Il enseigne la philosophie au Cégep Édouard Montpetit et est l’auteur de plusieurs essais. Perpétuellement en quête de visions insolites, et de tout ce qui peut servir à l’imagination et à la pensée, il aime vagabonder, çà et là, à travers les textes de l’Occident et de l’Orient..