Les nouvelles religions se heurtent aux mêmes problèmes d’acceptation que toutes les autres inventions humaines. Pourquoi, alors qu’il y a 2 000 ans le judaïsme était en train de devenir dominant parmi les religions méditerranéennes, est-ce le christianisme qui a finalement remporté la mise ? L’anthropologue des innovations Dominique Desjeux propose une explication inattendue à cette énigme maintes fois revisitée. Au cœur de cette bascule historique, il éclaire le rôle joué par la destruction du Temple de Jérusalem en l’an 70, épisode après lequel les juifs se sentirent menacés de disparition. Ils représentaient pourtant à cette époque près de 8 % de la population de l’Empire romain. La société juive est alors traversée de nombreuses controverses : sur la résurrection des morts, le prosélytisme, l’application de la circoncision ou de la kashrout sur les interdits alimentaires. Certaines de ces règles en faisaient un produit difficile à « vendre » en dehors du monde juif. C’est pourquoi une partie des juifs proposent alors de les simplifier pour en favoriser la diffusion sur le marché international des dieux, ce qui donnera naissance au christianisme.

À propos de l'auteur

Desjeux, Dominique

D. Desjeux est anthropologue, professeur à la Sorbonne (Université Paris-Descartes). Il dirige le Magistère de Sciences sociales appliquées à l’interculturel dans les organisations, la consommation et l’environnement, et le nouveau doctorat professionnel pour former des directeurs d’études. Il est à la fois enseignant, chercheurs, consultant, entrepreneur et éditeur depuis une trentaine d’année à l’Harmattan puis aux Puf. Il a travaillé en Chine, en Amérique, en Afrique et en Europe. C’est un généraliste qui mène ou dirige des enquêtes de terrain, et qui forme des soco-anthropologues professionnels pour le privé et le public. Il a publié une quinzaine de livres dont les derniers portent sur les échelles d’observation, la méthode des itinéraires et les cycles de vie de la consommation.